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12 juin 2013

JUIN 2013: Le cri du sablier de Chloé Delaume

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chloe

Ce mois-ci, deux petits livres au programmes, avec des points communs: ils sont apres et durs, nous marquent, contiennent tous deux des scènes rares dans la littérature, ont un lien avec le Liban et le proche-orient (qui nous a permis de très bien manger !)

L'écriture de Chloé nous a fait longuement discuter, ainsi que son histoire (autofiction)

 

 Séance de rattrapage pour les moins assidus, retrouvailles avec Darina pour les autres:

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L'actrice Darina Al-Joundi a grandi dans un Liban en guerre. Elle surmonte ses traumas dans ses spectacles où la vie prend le dessus.

Noun, le personnage créé par Darina Al-Joundi, affronte la guerre civile dans les années 70 et 80 : violence, chaos, hystérie guerrière et névrose moyen-orientale. Curieuse, je pose la question qui fâche : chrétienne ou musulmane ? Réponse cinglante : “On a le droit au Moyen-Orient de n'être rien d'autre que soi-même. De génération en génération, nous sommes dans ma famille des laïcs. Je suis profondément mécréante.” Sa liberté d'esprit, Darina la reçoit en héritage de son père, “un homme exceptionnel, un intellectuel de gauche, qui aimait faire la fête malgré les séjours en prison de Damas à Bagdad”. Son ouverture d'esprit, son sens de la rébellion donnent à l'adolescente la force de traverser les ravages de ces années et de faire des choix dont elle n'a pas à rougir aujourd'hui. Mais la guerre ne l'épargne pas. En 1973, elle a 5 ans. Devant elle, un bus de Palestiniens est mitraillé par les phalangistes : vingt-sept morts. L'événement annonce une spirale de violence qui durera quinze ans. Un peu plus tard, la vie lui fait une belle surprise. Elle est invitée avec sa soeur à participer à une émission de télévision “qui dure vingt minutes tous les vendredis avant le JT. Ma soeur aînée chante et moi je fais le pitre”. Le producteur leur propose une série sur la vie de deux soeurs, l'une, un ange, l'autre, un diable : elle. “J'ai eu la chance de savoir dès 9 ans ce que je voulais faire de ma vie.” Autre cadeau, à l'adolescence : elle entre dans une sorte de congrégation progressiste où les religieuses emmènent les élèves dans les meilleures expos et dans les manifestations de la gauche pacifique. “J'ai vu Hiroshima, mon amour dans la cave de l'école, alors qu'il pleuvait des bombes.” Ses yeux s'emplissent de larmes quand elle évoque son premier mariage, à 20 ans. Son mari la bat tous les jours. “Je ne comprends pas comment j'ai pu accepter.” La douleur est intacte quand elle raconte le jeu de la roulette russe qu'elle pratiquait avec des jeunes dans Beyrouth en ruine, “l'essence de l'autodestruction qu'est la guerre. J'ai perdu ainsi plusieurs amis”. Des larmes encore quand elle raconte “‘avoir été ‘explosée' de coups donnés par un homme dans un bar, je me suis retrouvée dans une ambulance, dans une camisole de force, puis enfermée quinze jours à l'asile. Depuis, je ne ris plus, je ne danse plus comme avant.” Et pourtant, elle tourne sans cesse : au cinéma, dans Beyrouth fantôme (1998), de Ghassan Salhab, dans La Porte du soleil (2003), de Yousry Nasrallah. Elle travaille dans tous les pays arabes comme documentariste et actrice. Depuis 2005, Darina vit en France. Son prochain spectacle, en mars, évoquera les tribulations de Noun à Paris pour obtenir ses papiers : “Promis, ce ne sera pas triste.
Sylviane Bernard-Gresh | 7 janvier 2012 - Télérama Sortir n°3234

Darina Al-Joundi - © Guia Besana 

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