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Causeries et lichouseries
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31 mars 2012

MARS: les sujets d'écriture

"Ma cavale"

Ma cavale.
J'avais vécu vingt ans sans avaler. J'avais vieilli volontairement, visant l'âge où la jeunesse envolée diffuse ses mélancolies voluptueuses avec vue sur le vide. Tu es venue et nous avons cavalé. Et nous nous sommes carapatés, à quatre pattes, vers ton château des Carpates, vers l'avenir, vers aujourd'hui.

Mac avale. Ma cavale. Maca Val. J'accroche et je dérive sur les jarrets longilignes. Sur les vents de la Camargue. Les joncs délictueux. La cavale l'ignore et plonge. Je voyage clandestinement sur ses crins, sa croupe. Puce d'eau saumâtre. Chancre flou. Je ne rate rien du galop, du temps figé. Le poids m'est peu. La rive est loin. Mais qu'arrive-t-il à l'enfant ? Le livre ne le dira jamais.

Ennuyée et fatiguée je voulais quitter cet endroit. Cette terrasse de café bruyante en mauvaise compagnie devenait invivable. L'un des amis du groupe semblait être dans le même état d'esprit, je lui dis: "Suis-moi, je t'apprendrai la saltarelle".

Un jour, je me suis mis à cavaler, nuit et jour j'ai cavalé, un jour je suis arrivé, au bout du monde, j'ai continué à cavaler, nuit et jour j'ai cavalé.

Ça m'a pris ce matin, en arrivant au travail. Je m'apprêtais à ouvrir la porte, grisée par l'odeur écoeurante de peinture fraîche, quand la cavalcade habituelle des couloirs me fit frémir. Je laissais la clé sur la porte et pris mes jambes à mon cou, me glissant dans une faille parmi les barrières des ouvriers chargés de repeindre les murs en jaune soleil. Ma cavale avait débuté. Depuis, je fuis les ados, je ne les supporte plus, ne veux plus les voir ni les entendre. Je sais qu'ils n'y sont pour rien, mais c'est instinctif. Leurs voix oscillant de l'aigu au ténébreux, leur manière de s'asseoir avachis, leurs tics de langage... Le problème est qu'ils sont partout ! Pas moyens de prendre les transports en commun, je voyage exclusivement aux heures de classe. Partir à l'étranger n'est pas envisageable, les pays en voie de développement sont infestés de jeunes pubères. L'avantage c'est que ma vie depuis est certes solitaire, mais très reposante ! Mon statut de dame de compagnie est plus confortable que celui de dame de CDI.

"10 kilos de viande rouge"

Ils avaient planté son tronc sur une broche pour cochons à enfumer. La tête nous regardait hébétée depuis le pied de statue antique où on l'avait déposée après que les égorgeurs aient fait leur office. La nuit tombait, des feux étaient allumés sur la place, ils se reflétaient aussi dans les yeux des citoyens enivrés de festins de haine joyeusement communicative. Les traits étaient tirés cependant et sur les visages on lisait cette forme de lassitude qui suit les grands plaisirs déraisonnables. La lune était un témoin troublant qui ramenait chacun à ses antiques terreurs. Le roi Louis sur sa statue équestre désignait un horizon que l'on ne découvrirait plus jamais. Des enfants rejoignant leurs mères aux vêtements souillés sanglotaient. Tout sentait la fin de l'hahali, la grande mélancolie qui suit les massacres.

Joues, os à moelle, collier, filet, côtes, entrecôtes, faux-filets, palettes, queues, paleron, gîte, macreuse, rosbeef, tournedos, poire, pointe hachée... Pot au feu, bourguignon, béarnaise, parmentier, tartare... ou quand mon congélateur est plein.

Faire un haïku (7/5/7) pour exprimer notre vécu de la journée.

Isolée dans l'équipée,
la cavale avale
et soigne les plaies des roses.

Mon rêve dérive de la veille,
prosaïque au réveil
D'une banalité sans pareil
il me retient, rebelle.

Sous le poids des compétences
plus de légèreté
ainsi assise et farcie.

Plongé dans Paasilina
serré dans le bus
je subis des cris de chèvre.

12h c'est l'heure du facteur
Stupeur. Une erreur ?
Touche pas à mon humeur !!!

Pourquoi faut-il changer d'heure ?
Je râle donc je suis
les causeries sont finies.

Après avoir écrit chacun le nom de deux personnes connues, nous les tirons au sort: le premier doit parler du deuxième... Cela a donné, par exemple, "un psychanalyste raconte la vie de Jean-Luc Mélenchon", "Son père parle de Bégaudau", "Sa mère parle de Jean d'Ormesson", "Une prof de latin parle de Claire Chazal"... A vous de deviner si vous le pouvez qui parle de qui !

Des heures durant je l'ai attendu, le fameux jour où nous avions rendez-vous. Je le savais. On m'en avait parlé. Il était le plus beau, le plus intelligent. Et je serai pour lui la femme, le symbole, l'idéal.
Quand enfin, il est arrivé, les yeux fermés, j'ai soupiré: le voilà ! Sur mon ventre il a rampé, à mon sein il s'est agrippé, du bleu de ses yeux il m'a irradiée.

Cette petite pute. Avec son air candide, ses bouclettes. Comment la supporter ? Comment ne pas l'étouffer sous son oreiller brodé ? Lui faire bouffer ses panty en dentelles ? Lui arracher son sourire, sa voix sucrée ?
Maman m'aimait. Avant. Avant qu'on ne la mette dans la lumière. Avant que l'argent coule et n'irise nos vies glacées.
Moi seule sait. Son vrai visage. Sa méchanceté. Son mépris pour ce qui n'est pas rempli d'elle. Je me gorge de cette vérité qui me dessèche. Ne suis-je que le brouillon ?

Mon père était un grand inconnu. Je me suis éveillé à la vie dans un dortoir éclairé par une chandelle, les lits aux draps blancs rêches pliés sous de lourdes couvertures rugueuses dans un silence de couvent. Ma première amie fut soeur Marie-Hortense, une belle jeunes fille boiteuse un peu simplette que l'on disait la fille naturelle de Monsieur de Guise et qui étonnait mes camarades par sa gaieté volubile si détonante entre nos quatre murs obstinément rebelles à la joie. Il y avait un jardin de roses dans un enclos où je la retrouvais tous les dimanches après l'oraison: elle me parlait des belles chasses de Messieurs et m'épouvantait en me décrivant les sangliers chargeant les amazones bottées de son cortège bruyant impatient de somptueuse curée.

Ah ! mon fils... J'en suis très fier et je peux tout vous raconter sur lui. Que voulez-vous savoir ? Interrogez-moi, vous allez voir, je suis intarissable. N'hésitez pas, je connais tous les détails de sa vie... mieux que quiconque et même mieux que sa mère ! Je pense que sa femme et son psy en savent également moins que moi. Vous êtes tombés sur la bonne personne je vais vous abreuver de détails !

Jean-Luc Mélenchon perçut sa propre naissance comme une injustice fondamentale, fondatrice. Au nom de quels privilèges son spermatozoïde avait-il percuté l'ovule maternel ? Pourquoi jean-Luc Mélenchon était-il advenu, plutôt que Jean-Michel Mélenchon, Jean-Jacques Mélenchon, Sophie Mélenchon, plutôt que ces milliers de Mélenchon potentiels confinés aux ténèbres ? Cette injustice première structura son rapport hystérique à l'égalité, vécue comme une rédemption possible. Il intégra donc le gouvernement Jospin, séduit par son concept de gauche plurielle. Pour pallier l'inconvenance d'avoir ainsi tutoyé le pouvoir (encore qu'il fût relégué dans un ministère raisonnablement modeste) il se laissa pousser un bouc démodée d'emblée. Quand Lionel Jospin - figure plus avunculaire que proprement paternelle- renonça à la politique, Mélenchon opta pour la révolution, compromis lexical acceptable entre rêve et solution. Donner une voix à ses frères humains permettrait peut-être de faire taire le silence tapageur de ses frères décimés avant de voir le jour. En guise de sacrifice inaugural, il rasa son bouc et déclara la guerre à la monotonie moutonnière.

"Televisius magnus" déclara-t-elle dès sa tendre enfance. Bercée par ce fléau de nos sociétés, en rupture avec l'héritage familial, elle fit ses premières armes en interviewant son voisin de pallier, chanteur réputé aux heures matinales de la douche, flattant son ego en le présentant comme un soprano de l'onde - Je vous demande de rechercher pour la semaine prochaine des représentations iconographiques de Vénus, notez-le citius - Sa carrière, comme vous le savez, fut fulgurante: Veni, Vinci, Vulgaris. Malheureusement, sa vie privée l'ammena à franchir le Rubicon. Vous allez maintenant devoir rechercher les occurrences de cette expression dans la vulgate du présentateur TV, afin de mieux préparer notre projet de l'année: l'Odyssée de France 2. Qui a pris le rôle du narrateur ? Qui est le personnage principal ?

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